Il faut se réjouir qu’il existe des lieux, comme la Maison de pays de Mornant, qui avec enthousiasme s’efforcent d’exposer des graveurs. Entreprise hasardeuse, en vérité : dernier soubresaut d’un art moribond ou pari sur l’avenir ? Pour notre part, nous ne cessons de répéter que, si crise il y a, l’estampe en a vu d’autres au cours de sa longue histoire ; et par-delà des modes, l’estampe continue son petit bonhomme de chemin. Et restent nombreux les artistes qui gravent.
D’ailleurs, la Maison de pays de Mornant est doublement louable : l’an dernier, on y avait rencontré un trio masculin, J-M Reymond, B. Rouillard et J.P Vui-Ban. Cette année, c’est au tour d’un quatuor féminin : Isabelle Fraysse, Isaure de Larminat, Isabelle de Becdelièvre et Odile Gasquet. Pour filer la métaphore, disons que les partitions de chacune font ensemble une délicate musique fort séduisante.
Isabelle Fraysse grave avec une énergie heureuse et inventive pour obtenir, dans des paysages ou des évocations symboliques, des effets subtils de lignes et de teintes ; utilisant parfois des matériaux inattendus comme le polystyrène, ce matériau au nom de héros grec, comme disait R. Barthes, son art s’apparente à un combat homérique contre et avec la matière.
On voit avec plaisir les nus griffés d’Isaure de Larminat, dont on a déjà parlé ici, des nus tout en légèreté et finesse, qui semblent des croquis enlevés, aux ombres somptueuses d’aquatinte.
D’Odile Gasquet, peintre et graveure, on voit trop peu de choses ; mais ses estampes rehaussées d’encre et d’aquarelle qu’elle appelle ses galets, découpent avec tendresse des îles colorées dans la mer blanche du papier ou des cellules miroitantes en suspension dans le vide du papier.
Isabelle de Becdelièvre pratique avec maîtrise le monotype, la pointe-sèche (combien d’artistes aujourd’hui osent la pointe-sèche ?) et se penche avec humilité et discrétion sur les choses simples, personnage au travail, reflets d’une barque dans l’eau, coin de campagne ou de ville, cherchant à exprimer le plus justement possible l’émotion initiale.
A voir jusqu’au 15 octobre.
Ouverture samedi de 14h30 à 18h30, dimanche et jours fériés de 11h à 12h30 et 14h30 à 18h30.