Voilà un artiste important, et trop peu connu. Des expositions rétrospectives ont lieu régulièrement, en France, dernièrement en 2018 à Nantes et à Gravelines, et ailleurs dans le monde, car il est d’envergure internationale. Il existe une fondation qui porte son nom et sa mémoire à Sarrebruck, et dont on visite le site internet avec plaisir.
A Lyon, on ne l’a jamais vu, je crois, au Musée de l’imprimerie. Et pourtant, il a tant circulé qu’il est forcément passé par Lyon, où il a publié en 1950 un recueil de trente bois Clef des songes chez Henneuse. C’est Frans Masereel.
Né en Flandres, quasi exilé de Belgique, il a vécu à Genève de 1915 à 1922, où il milite contre la guerre avec Romain Rolland. Graveur sur bois, il collabore à des revues pacifistes, devient l’ami de Stefan Zweig. Il publie ses premiers albums personnels. Il s’installe à Paris entre les deux guerres, vit sa vie de peintre et graveur. Avec la seconde guerre mondiale, il s’installe en Avignon dès 1940 puis dans le Lot-et-Garonne. Après un séjour entre 1947 et 1951 à Sarrebruck pour enseigner, il revient en France, et navigue entre Nice où il a un atelier et Avignon, d’où est sa deuxième compagne, la peintre Laure Malclès. Son succès est alors international.
On redécouvre Masereel au début des années 2000 : on le célèbre alors comme inventeur du roman graphique. Ses premiers recueils de bois gravés racontent une histoire uniquement à travers des illustrations en noir et blanc. Mais il est avant tout un artiste profondément engagé contre la guerre, d’abord, puis contre l’exploitation des hommes, la société moderne qui asservit. Un engagement que sert une esthétique d’une redoutable efficacité : puissance du trait, disposition des masses, contrastes forts des noirs profonds et blancs lumineux.
De lui cette gravure, que l’expérience personnelle a nourri sans doute : le 13 juin 1940, comme beaucoup, Masereel et sa femme, avec des amis, avaient fui Paris pour se réfugier dans le sud de la France.
Une monographie récente Frans Masereel, l’empreinte du monde, chez Harmonia Mundi Livre, permet de le découvrir, à travers la reproduction de près de quatre cents bois.
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gérard Klein (vendredi, 08 mai 2020 20:03)
J'aime beaucoup cette image ( la forme et le fond) et j'ai voulu en voir plus sur la toile. La mention de Sarrebruck m'a intéressé car ma fille y demeure . Coup de fil rapide, elle ne connait pas la fondation; paré de mon ample culture, je lui signale la localisation des locaux de la fondation et de l'exposition permanente, annonçant la visite paternelle pour la rentrée, pour faire découvrir l'expo permanente des œuvres de Frans Masereel à mes petits enfants !
"Cela fait trente ans que ta fille habite Saarbruck, tu n'es pas vraiment ce qu'on appelle un rapide !" remarque plume. C'est pas faux ! Mais mieux vaut tard que jamais, non? "Juste ! " consent-elle.