On apprend la disparition du graveur Jean-Marc Reymond, décédé avant-hier. Graveur discret et secret, il utilisait le burin, cet outil si difficile, et presque hors du temps. Dans les années 70, il était l'un des fondateurs de l'Alma, cette association de graveurs, qui faisait resplendir la gravure sur les pentes de la Croix-Rousse, dans l'atelier collectif de la rue Burdeau, participait régulièrement au salon du Sud-Est, montrait ses estampes dans des expositions de groupe.
De sa pratique de la gravure, il parlait peu. Il avait pourtant un style bien à lui. " On reconnaît très vite les brillants burins lentement creusés de Jean-Marc Reymond, paysages de roches ou troncs d’arbres ou corps féminins aux surfaces tourmentées, planches contrastées, aux lignes acérées, qui écorchent le cœur", écrivais-je en 2016. Inlassablement, il s'attachait en effet à débusquer, fantasmatiquement, la forme féminine dans le végétal, troncs d'arbres le plus souvent, ou le minéral. Et le burin fermement tenu laissait dans le cuivre lentement tourné la rondeur et la souplesse nécessaire, dans un mouvement qui devait être pour lui comme une caresse. Il lui arrivait parfois de poursuivre le travail à l'encre ou au lavis, sans qu'on sache s'il était mécontent de l'impression ou s'il voulait aller plus loin encore dans la fidélité à sa rêverie,
On ne le verra plus dans les expositions de ses amis, promener, l'air intéressé et en même temps distant, sa haute silhouette et sa chevelure blanche.
P.B.
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