Né à Voreppe le 18 juin 1807, et mort à Grenoble le 6 septembre 1884, Jean Achard est un le fils d’un agriculteur relativement aisé. Il est d’abord placé à Grenoble comme commis chez un oncle huissier avant d’intégrer le cabinet d’un avocat. Tenté par une carrière artistique, il copie les maîtres au musée de Grenoble.
En 1830, il passe une année à Paris, où il continue son exploration des maîtres hollandais. De retour à Grenoble, il quitte la France pour un voyage de deux ans en Orient avec un groupe de saint-simoniens. Il revient à Grenoble et reprend ses études sur nature du paysage. Ayant ramené d’Egypte des dessins et des aquarelles, il envoie en 1839 un premier tableau au Salon de Paris, Vue prise aux environs du Caire.
Il faut attendre 1843 pour qu’il procède à un nouvel envoi, une Vue de Grenoble, qui attire l’attention sur lui, dans un style de paysage qui commence pourtant à passer. Installé peu après à Paris, il voit Harpignies entrer dans son atelier, paysagiste qu’il va former et accompagner quelques années.
En 1847, il voyage en Belgique, et dans les années 1850 à 1870 fréquente les lieux des artistes parisiens : il peint, comme beaucoup de paysagistes de son temps, à Honfleur, à Auvers, au Bas-Meudon, à Cernay (Cascade à Cernay, Musée d'Orsay), en même temps que sa manière évolue : assez classique et convenu au début, il apprend à éclairer ses huiles, à laisser de plus en plus la lumière entrer dans les ombres.
De retour à Grenoble à partir de 1870, il continue à peindre jusqu’à sa disparition en 1884.
Dans une étude de l'oeuvre, Marcel Reymond, à la fin du siècle dernier, note qu’Achard s’est fait quasiment tout seul, à l’école des maîtres présents dans les musées, qu’il a subi en particulier l’influence des deux tableaux de Claude Gellée présents à Grenoble ; il a connu par ailleurs des artistes de l’école lyonnaise, qui ont pu lui donner le goût de l’observation et de la précision.
Il repère deux périodes dans la manière de Achard : au début de sa carrière, commencée tardivement (premier envoi, peu concluant d’ailleurs, au salon à 32 ans), le paysagiste choisit de montrer dans ses toiles une vue de pays étendue, avec une premier plan chargé d'éléments divers, le tout dans une couleur un peu lourde, jaunâtre, uniforme. Ces tableaux produisent une certaine monotonie à cause de la répétition des mêmes procédés et du même sujet, « presque toujours le même terrain parsemé de petites touffes d'herbes maigres, la même eau, ou le même chemin caillouteux, le même effet d’automne » où sont accentués les contrastes d’ombre et de soleil.
Par la suite, à partir des années parisiennes et des premières rencontres avec les peintres parisiens, Corot, Français, Daubigny, Rousseau, et au contact d’Harpignies, Achard éclaircit sa palette, qui sera de plus en plus lumineuse, choisit des vues plus étroites, plus resserrées, de lieux moins pittoresques et plus simples.
Marcel Reymond regrette le petit succès d’estime de Jean Achard, qu’il considère comme « un maître de l’école moderne » ; l’auteur reconnaît qu’il est resté méconnu, voire « inaperçu » de son temps, sort qu’il dit d’ailleurs partagé par de nombreux artistes, et qu’il attribue à son caractère bourru de solitaire, totalement livré à son art et peu soucieux de l’argent, autant qu’à son art, trop longtemps attaché au paysage pittoresque.
A ce « paysagiste sincère », il attribue des qualités de dessinateur, soucieux de reproduire le plus fidèlement la nature, à la manière des Hollandais. Mais il en fait aussi un coloriste, qui aime à baigner au début de sa carrière ses paysages dans une lumière uniforme un peu lourde, avant d’éclaircir sa palette.
Son oeuvre gravé peu nombreux, compte une soixantaine d’estampes, probablement, assez rares sur le marché.
Marcel Reymond, en 1887, a catalogué 48 estampes. On trouvera ici ces données difficilement accessibles aujourd’hui, bien que leur forme ne permettent pas une identification aisée des estampes qu’on peut rencontrer.
Bibliographie:
Marcel Reymond, J. Achard, peintre paysagiste, Fischbacher, 1887.
L. Huault-Nesme, Jean Achard, un paysagiste à l'école de la nature, Glénat, 2008.