23 mars 2020. (Journal des confins).
Derain et Vlaminck se sont rencontrés en juillet 1900 sur le chemin de fer qui va de Paris à Chatou : un accident qui les oblige à faire route à pied, et à faire connaissance. Peintres tous les deux, jeunes tous les deux, 20 ans pour l’un, 24 pour l’autre. C’est le début d’un compagnonnage qui va durer une vie. Dans les premiers temps, une fièvre de création les prend. Ils s’amusent, sont jeunes, veulent changer le monde.
Là, c’est le Pecq, un village en face de Saint Germain en Laye.
C’est donc un « bois », d’une virtuosité certaine ; l’artiste suggère le volume, traduit la variété des phénomènes atmosphériques : moutonnement des nuages (forme réutilisée après-guerre chez les artistes graveurs et illustrateurs Art déco), reflets et tremblements des ombres dans le fleuve. On sent aussi l’influence du cubisme ambiant. Le fauvisme du début, c'était violence des tailles, inachèvement de l’oeuvre. On s’en est éloigné : les tailles sont plus soignées, assagies. L’impression a été faite par un imprimeur, et le plus habile de l’époque, non par le graveur lui-même. Et s’il y a peu d’exemplaires, c’est pour faire monter les prix.
Puis vient la guerre… Elle va durer quatre ans.
Après on aura changé d’époque.
Détail de la grande Histoire, les biens de Kahnweiler, d’origine allemande, sont mis sous séquestre dès 1914, et seront vendus aux enchères en 1921 et 1922, ceci bien que considéré comme déserteur en son pays parce qu’il avait refusé d’être incorporé dans l’armée impériale, tout en refusant de combattre son pays.